Mathieu Pigasse, patron de Lazard France : merci la crise !
Source : Capital
14/11/2012 à 05:00 / Mis à jour le 14/11/2012 à 05:00
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Pas de plan d’austérité pour le financier vedette de la gauche. Conseiller de la Grèce, il se paie grassement sur la dette.
Matthieu Pigasse s’offrira-t-il un pied-à-terre dans les Cyclades ? Soumise à une diète sévère et conseillée par le patron de Lazard France, la Grèce songe en effet à céder une quarantaine d’îles au plus offrant. Prix d’appel ? 3 millions d’euros. Pas de quoi rebuter le plus célèbre banquier d’affaires de France, par ailleurs propriétaire des «Inrockuptibles», actionnaire du «Huffington Post» français et du «Monde».
Car c’est tout le paradoxe de la situation : plus les Etats surendettés s’enfoncent dans la crise, plus Lazard, leur banque conseil favorite, se porte bien. Et plus Matthieu Pigasse, 44 ans, en profite, puisque sa rémunération (environ 5 millions d’euros par an) est directement indexée sur les performances de sa boutique. Après un coup de mou en 2011 (le chiffre d’affaires avait baissé de 19%), les comptes de Lazard ont reverdi en 2012. Un rebond largement dû à la Grèce, qui a versé une commission record de 25 millions d’euros à la banque du boulevard Haussmann pour son travail sur la restructuration de la dette. «Ce n’était pas évident de convaincre les créanciers, insiste-t-on dans l’entourage de Pigasse. Et nous n’aurions rien touché si le plan avait échoué.»
Lazard a aussi décroché de jolis contrats auprès de plusieurs institutions européennes, dont la Banque centrale. Par contre, la mission que le gouvernement lui a confiée pour lancer la Banque publique d’investissement ne rapportera pas plus de 1 million d’euros. «Mais ce genre de deal en amène d’autres plus tard», souligne un concurrent.
Matthieu Pigasse traverse d’autant mieux la crise financière qu’il passe moins de nuits blanches qu’il ne le prétend. «En Grèce ou en Argentine, c’est l’économiste et conseiller de la banque Daniel Cohen qui a fait le gros du boulot», explique un fin connaisseur de la maison. De même, c’est surtout Michèle Lamarche, une autre star de la banque, qui a décroché des contrats au Gabon, en Côte d’Ivoire ou au Nigeria. Ainsi secondé, Matthieu Pigasse peut se consacrer à son autre passion, la politique. Au printemps, il faisait la promotion de son essai «Révolutions», puis il a soutenu la candidature de François Hollande et sa taxe de 75% sur les très hauts revenus. «Facile pour lui, car il y échappera», s’étrangle un rival. En effet, grâce à un accord fiscal signé en 2005 quand Thierry Breton était ministre des Finances contre l’engagement de garder un siège dans l’Hexagone, les associés gérants de Lazard ne déclarent qu’un quart de leurs revenus en France. «Sa sortie sur les 75% a beaucoup agacé ses associés», témoigne un banquier. «No future», leur répondra sans doute ce fan des Clash.
Gilles Tanguy
© Capital
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