Chère amie, cher ami,
Plus d’un enfant sur cinq sort chaque année de l'école primaire en étant complètement illettré. Des générations entières sont sacrifiées simplement parce que depuis des années, les responsables politiques de droite comme de gauche refusent d'imposer une fois pour toutes la méthode de lecture syllabique dans toutes les écoles.
Il y a quelques mois, un professeur de l’université de Versailles, Jérôme Deauvieau, a réalisé une enquête sur les manuels de lecture utilisés en classe de CP dans les Zones d’éducation prioritaires de la région parisienne. Deux chiffres sont à retenir de cette étude : seuls 4% des enseignants observés utilisent une méthode de lecture syllabique ; et les élèves qui travaillent avec un manuel syllabique obtiennent un score supérieur de près de 20% à celui des élèves travaillant avec un manuel de la méthode mixte, dérivée de la méthode globale. Il suffirait d'un simple test pour le vérifier, mais le gouvernement ne veut pas en entendre parler.
L’enquête conclut même que le choix du manuel pour la réussite de l’apprentissage de la lecture est plus déterminant que, par exemple, le niveau de diplôme des parents !
Bien sûr, cette enquête a été dénigrée par tous les pédagogistes qui ont fait main basse depuis des années sur l’inspection et sur la formation des jeunes professeurs. Pour eux, lutter contre les inégalités dans la réussite scolaire, c’est forcément niveler par le bas. Et quand vous leur demandez pourquoi dans les collèges de zones sensibles le taux d’illettrisme des enfants encore scolarisés grimpe à 58%, ils vous répondent que c’est qu’on n’est pas allé assez loin dans les réformes et qu’on manque de moyens !
Face à eux, les jeunes professeurs sont désemparés. Ils n'ont plus la référence aux anciens. Quand certains se lancent dans des méthodes syllabiques, parce qu’ils perçoivent bien que ce sont les seules efficaces, ils s'entendent dire par leur inspecteur : « Mais c'est complètement dépassé, ce que vous faites ! »
De leur côté, les orthophonistes sont débordés. Lors d'une récente réunion au siège de SOS Éducation, plusieurs ont témoigné que leurs cabinets sont remplis d'enfants qu'ils n'auraient jamais dû voir :
« Nos patients sont aujourd'hui en majorité des cas simplement des enfants qui n'ont pas appris en classe les lettres et les sons associés, le B.A.-BA. On reprend tout avec des manuels de lecture syllabique et en quelques semaines ils sont remis sur les rails, c'est aussi simple que cela ! » a expliqué une orthophoniste exerçant dans le 14e arrondissement de Paris.
On a beaucoup parlé, ces derniers temps, du retour à l’enseignement du français. Le ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a même affirmé que la mission première de l’école était la transmission rigoureuse des savoirs et de la langue. Le premier ministre, Manuel Valls, a renchéri en proclamant à l’Assemblée nationale que « la maîtrise du français est notre chantier prioritaire ». Bravo !
Le seul problème, c’est qu’au Ministère de l’Éducation nationale, des chantiers prioritaires, il y en a un nouveau toutes les semaines : le renforcement de la laïcité, la lutte contre les discriminations, l’éducation à l’alimentation, la sensibilisation au tri des déchets, l’accueil du handicap, la formation artistique et culturelle, la prévention du harcèlement, la énième réformette du collège… Alors comme toujours, après les belles paroles, on est vite passé à autre chose.
On peut jeter autant d’argent public que l’on veut dans le gouffre de l’Éducation nationale, on n'observera aucune amélioration dans l’apprentissage de la lecture, tant que la méthode d'enseignement restera fondamentalement la même : de la globale ou un mélange compliqué à partir de la globale. Tout cela parce qu’on ne veut pas se résoudre à revenir à la seule méthode qui a fait ses preuves.
Pour les pédagogistes au Ministère, l'horreur absolue, c'est l'école de nos grands-parents. Tout ce qui peut y ressembler doit être jeté à la poubelle, incinéré, dispersé, et remplacé par des méthodes « nouvelles ». Depuis bientôt 15 ans qu'existe SOS Éducation, nous répétons que ce qui est ancien n'est pas forcément mauvais. Quel'école de demain sera meilleure si on tire des leçons de l'expérience, plutôt que d'expérimenter pour expérimenter.
Ce ne sont pas les docteurs en sciences de l’éducation qui souffrent des conséquences de leurs mauvais choix :ce sont les enfants, et leurs familles, souvent pour toute leur vie.
En France, le chômage des jeunes bat des records : depuis 2008, il a bondi de 17 à 24%, le double du taux de chômage de la population française. Et encore, ce chiffre ne tient pas compte de tous les emplois « d’avenir » précaires, ni des dizaines de milliers d’étudiants inscrits dans des universités saturées où ils n’apprendront jamais un métier !
Dans le même temps, les entreprises françaises souffrent d'un grave manque de main-d’œuvre qualifiée. Maisles 635 000 jeunes qui sont au chômage sont pour la plupart illettrés, sortis du système scolaire sans diplôme ni qualification mais surtout sans savoir lire ni écrire.
Dès les premières années de leur scolarité, ils commencent à souffrir : dans toutes les matières, ils peinent parce qu'ils ne parviennent pas à comprendre ce qu'on leur demande.
Mais les conséquences sont encore pires quand ils grandissent : la plupart des études, des métiers, des carrières, sont fermés aux enfants qui lisent et écrivent mal.
« Lire mal et écrire mal » : il faut comprendre ce que cela signifie. Ce n’est pas que ces enfants éprouvent des difficultés, ils ne font pas de simples fautes d'orthographe ou de grammaire. Non, c'est bien plus grave :
Ces enfants ne repèrent pas les mots, même les plus simples - ils ne les connaissent pas – et cela donne des choses aussi invraisemblables que cet extrait de copie d'élève de 3e :
« Apainne entré, je done des tourres de clé puis je me chouche et jatent »
Ou encore celle d'un élève de 6e :
« Sur sons vélo Paul fonsais en diréstions du bois, admirent le payszage, il apairsu un nécurelle au desu d'une violéte un si que plusier oisau »
A ce niveau, tout est à reprendre. Et pour tout reprendre, il faut commencer par le début : en imposant dans toutes les écoles de France la méthode de lecture syllabique, avec un test national de déchiffrage à la clé, pour pouvoir venir en aide dès le CE1 aux enfants qui rencontrent des difficultés.
Ce mois-ci, SOS Education publie, sous le titre « Illettrisme à l’école, la solution du test de déchiffrage », une étude choc sur ce qui se passe en Angleterre.
L'inspection de l'éducation nationale anglaise a en effet réussi ce tour de force de faire que des enfants qui n'ont aucun parent anglais, qui vivent dans des milieux sociaux ultra-défavorisés, s'en sortent mieux que les autres à l'échelle nationale, parce qu'ils ont bénéficié de la méthode exclusivement syllabique pour apprendre à lire.
Et ces enfants, qui ne reçoivent aucune aide à la maison, lisent mieux que leurs camarades des quartiers les plus huppés !
Comment l’éducation nationale anglaise est-elle parvenue à ce résultat ? Par la mise en place d’un test national de déchiffrage.
Le principe en est très simple : les élèves doivent faire correspondre des sons qu’ils entendent avec des syllabes qui leurs sont proposées. . Et les résultats de chaque établissement sont communiqués aux parents.
En quelques mois, ce test national de déchiffrage a révolutionné la pratique des enseignants anglais : comme leurs élèves ne pouvaient pas le réussir en devinant les mots grâce au contexte, ou grâce à des images, ou en mémorisant des étiquettes, ils ont ressorti les manuels de lecture syllabiques.
Et les résultats parlent d’eux-mêmes : la performance en lecture de leurs élèves de CP a progressé de 21% en seulement 2 ans.
Que faut-il de plus ?
A la lecture de cette étude, des députés courageux ont accepté de porter à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à instaurer en France un semblable test national de déchiffrage. Depuis, cette proposition de loi a déjà été co-signée par plus de 30 députés ! Et elle vient de passer avec succès en commission de recevabilité.
Nous ne sommes plus qu’à une étape de la victoire : il faut maintenant que cette proposition de loi soit inscrite à l’agenda des discussions parlementaires. Et c’est pour cela que je vous demande de cliquer sur ce lien et de signer la lettre à envoyer par e-mail dès que possible au Président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone.
En effet, si cette proposition de loi est d’ores et déjà déposée, elle n’est pour le moment pas encore officiellement soumise à débat. Nous devons absolument éviter qu’elle reste bloquée sur une étagère !
Le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, peut programmer ce débat. Il a pour une fois la possibilité de faire preuve d’impartialité, et d'indiquer clairement la marche à suivre pour que tous nos enfants sachent lire et écrire dès la sortie du CP. Mais attention, il ne le fera que s'il est poussé par des dizaines de milliers d'e-mails.
A partir de maintenant, le compte à rebours est lancé. La session parlementaire s’achève dans trois semaines, et l’agenda est déjà très chargé. Cliquez dès maintenant sur ce lien pour signer votre e-mail à Claude Bartolone. Et si vous le pouvez, faites signer vos proches en leur transférant ce mail.
Il faut que Claude Bartolone ait des milliers d'e-mails sur son bureau, sinon il va encore laisser tout le monde partir en vacances sans rien faire. Parallèlement, vous pouvez compter sur moi pour continuer à travailler auprès des parlementaires afin qu’ils soient encore plus nombreux à s’associer à cette proposition de loi.
Un grand merci d'avance,
Bien cordialement,
Claire Polin
Présidente de SOS Éducation
PS 1 : L’étude « Illettrisme à l’école – la solution du test de déchiffrage » est disponible sur notre site internetsoseducation.org/docs/etude-illettrisme-avril-2015.
PS 2 : N'hésitez pas à faire suivre ce mail à tous vos proches. Nous devons interpeller un maximum de parlementaires et de journalistes sur ce sujet. Si le président de l’Assemblée nationale cherche un moyen de réduire véritablement les inégalités à moindre coût, il en a un. A nous de mettre à nouveau devant ses yeux les bénéfices de la méthode syllabique. Notre étude sur le test de déchiffrage nous en donne l'opportunité.
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