jeudi 3 octobre 2013

Gagner de l'argent doit avoir un sens

“Le fait de gagner de l’argent doit avoir un sens”

Source : Management
13/09/2013 à 13:26 / Mis à jour le 30/09/2013 à 19:04


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© REA
Pour ce proche du dalaï-lama, le capitalisme peut se réinventer dans le respect de l’autre. Mais il faut, pour y parvenir, neutraliser les quelques égoïstes qui font leur loi.

Voilà un entrepreneur comme on en rencontre rarement. Fils du philosophe Jean-François Revel, avec qui il a coécrit «Le Moine et le Philosophe», best-seller mondial, Matthieu Ricard est moine boud­dhiste. C’est même l’interprète français du dalaï-lama. Parti pour être un brillant biochimiste – il a passé sa thèse de génétique cellulaire à l’Ins­titut Pasteur –, il plaque tout en 1972 pour aller vivre dans un monastère ­tibétain. Ordonné moine, Matthieu Ricard se consacre à la méditation et à aider les populations les plus pauvres de l’Himalaya. Avant de décider, en 2000, de donner un tour plus structuré à son action ­caritative en fondant l’as­so­ciation Karuna-Shechen. A ce jour, il gère, avec son équipe, plus de 120 projets humanitaires.
Derrière le moine bouddhiste contemplatif en robe rouge et baskets mal lacées se dévoile donc un hyperactif. Ce «penseur du bonheur» sort régulièrement de sa retraite de Katmandou, au ­Népal, pour porter la bonne parole – il donne de nombreuses conférences sur l’altruisme et la solidarité – et lever des fonds pour son association. Son analyse du capitalisme, qui connaît de plus en plus d’écho dans notre monde en surchauffe et en quête de sens, méritait qu’on le rencontre. Dialogue ­serein avec un homme patient, souriant et attentif.
Management : Vous arrivez tout droit du Népal. A quoi ressemble votre quotidien là-bas ?
Matthieu Ricard : Je vis très modestement dans mon ermitage du Népal, sur le toit du monde. J’y ai une cellule minuscule de 3 mètres sur 2,80 mètres, qui se prête bien à la méditation. C’est là que je me ressource. Je passe en général deux à trois mois par an en retraite solitaire, une pratique qui me permet de prendre du recul et de me recueillir. Je voudrais y consacrer plus de temps, comme j’ai pu le faire par le passé, mais mes activités dans le cadre de mon association caritative me sollicitent énormément.
Management : Dans ce domaine, vous êtes un entrepreneur…
Matthieu Ricard : Oui. J’ai fondé l’association Karuna-Shechen il y a treize ans. Karuna, littéralement, veut dire compassion. Schechen est le nom de mon monastère. Avec mon équipe, nous menons des actions humanitaires au Tibet, en Inde et au Népal : cliniques, écoles, hospices, dispensaires… C’est une véritable entreprise dirigée par Sanjeev Pradhan qui s’occupe des opérations sur le terrain. Parmi nos récentes réalisations dans la région himalayenne, en 2012, nous avons construit deux grandes écoles, une clinique chirurgicale ainsi qu’une salle communautaire. Les deux premiers postes d’investissement de Karuna-Shechen sont l’éducation et la santé. Pour financer tous ces chantiers, qui coûtent environ 1 million de dollars par an, je parcours le monde pour lever des fonds, je prends des photos que je publie et j’écris des livres. Grâce à mes droits d’auteur, je suis le premier donateur français de mon association, mais ce n’est pas suffisant. Heureusement, nous avons de généreux bienfaiteurs, parfois anonymes, dans le monde entier.

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  Les interviews
La Matinale Eco de Capital.fr
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