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Edit 2013. La Bretagne : ses toits en ardoise, sa pluie fine, ses galettes, ses chapelles et... son réseau de voies express gratuites. L'une des images d'Epinal de la région qui devrait, paraît-il, sa gratuité à la Duchesse Anne de Bretagne et à l'acte d'Union à la France, en 1532... Cet acte stipulait que la Bretagne, en contrepartie de son rattachement au royaume de France, devait conserver son parlement, sa justice et ses impôts, notamment ses frais de douane réputés... imbattables. La gratuité des 2x2 voies n'a, en réalité, rien à voir avec cela. D'autant que la France n'a jamais respecté l'acte d'Union !
D'autres attribuent cette spécificité enviée au général de Gaulle, qui aurait accordé la gratuité en raison de l'éloignement géographique, de l'isolement de la péninsule bretonne. Autre mythe.
Car en réalité, la gratuité du réseau breton a été accordée sous le gouvernement Pompidou sous la pression du Celib, mouvement de lobbying avant l'heure des intérêts économiques bretons, mais surtout sous celle des syndicats agricoles bretons et d'un certain... Alexis Gourvennec. Fondateur visionnaire et actuel patron de la compagnie de ferries Brittany Ferries, il était à l'époque syndicaliste défendant les intérêts des coopératives agricoles du Léon (Finistère nord) !
Ce fut en fait l'une des exigeances posées par le monde paysan breton tout entier, à l'époque en conflit ouvert avec le gouvernement. Les manifs agricoles ont été, il faut le dire, particulièrement musclées et ont durablement marqué l'image de la région...
Les syndicalistes paysans obtinrent la création de la première voie express gratuite entre Brest et Morlaix. Ils posèrent en effet comme condition que ce réseau ne parte pas de Rennes et donc en provenance de Paris mais, à l'inverse, de la pointe bretonne. La desserte de Nantes depuis Quimper fut également exigée, en dépit de la séparation de la Loire-Atlantique du reste de la Bretagne (tout un symbole de la reconquête de la Loire-Atlantique).
Autres conditions surprenantes posées en échange de la "pax agricola" bretonne : des échangeurs tous les 4-5 km et non tous les 30 ou 40 km comme c'est le cas sur les autoroutes, la création d'universités à Rennes et à Brest (et oui !) et la mise en eau profonde du port de Roscoff pour exporter les marchandises agricoles bretonnes vers le Royaume-Uni ! Toutes ces demandes surprirent le gouvernement, plus habitué à des revendications d'ordre strictement agricoles, comme la revalorisation des prix ou des aides...
Ces exigeances, indiscutablement, ne manquaient pas de bon sens, d'intelligence, et jouèrent même beaucoup dans l'essor économique breton. Aujourd'hui, les voies express gratuites font le tour complet de la Bretagne. Mieux : le maillage s'est poursuivi avec les voies express Rennes-Vannes, Rennes-Lorient, Rennes-Saint-Malo, Nantes-Saint-Nazaire ou encore, plus récemment, en direction de la Normandie. A l'avenir, ces voies existantes vont être enrichies de nouvelles portions intéressantes comme l'axe central est-ouest Rennes-Carhaix/Châteaulin, en cours de construction, ou comme les verticales Saint-Brieuc-Lorient et Saint-Brieuc-Vannes. Elles aussi sont en cours.
Du reste, ce n'est pas tout : les travaux de la voie express Redon-Rennes et Redon-Vannes ont également débuté, tout comme ceux de la Lorient-Roscoff, jusqu'à Plouay, dont la portion a été réalisée en 2006-2007.
A terme, une fois ces maillons réalisés, la région disposera de l'un des tout meilleurs réseaux routiers gratuits d'Europe.
Photo : construction d'un échangeur à hauteur de Plouay (56) : une première portion de la 2x2 voies Lorient-Roscoff, entre Caudan et Plouay, préalable à l'une des trois transversales entre l'Atlantique et la Manche.