Mercredi 18 septembre 2013
Les banques centrales savent-elles ce qu'elles font se demandait dans une précédenteQuotidienne Eberhardt Unger. Question toute rhétorique car, effectivement, elles n'ont aucune idée ni de la conduite à tenir, ni des conséquences à long terme de leur politique. Cependant, la question mérite d'être posée et reposée, cinq ans après la faillite de Lehman Brothers, et alors que l es banquiers centraux sont présentés comme les remparts contre un effondrement systémique de l'économie mondiale. Vous avez été nombreux à réagir à cet article et voici la réaction d'un lecteur auquel je vais accorder l'anonymat : "Oui, elles savent ce qu'elles font ! Leur objectif est de ruiner les Etats européens et d'installer une dictature à leur place avec des valets politiciens à leurs bottes ! Vous qui voyez loin, je suis surpris que vous n'ayez pas détecté leur manège !" Cher lecteur, je ne suis pas sûre que l'on puisse vraiment m'accuser de complaisance envers les banques centrales, mais de là à les accuser de fomenter un complot anti-européen... il y a plusieurs pas que je me refuse absolument à franchir. Que la Fed n'ait pas grand-chose à faire de ce qui se passe en Europe ou dans les pays émergents, ça je veux bien le croire. Qu'elle ne mesure pas les conséquences à long terme de sa politique, ça aussi. Que la politique de cette même Fed soit déjà en train de créer les bulles et les déséquilibres de demain, évidemment... mais l'établissement d'une dictature a peu de chances --rassurez-vous -- de faire partie de ses projets. Tout d'abord parce que Bernanke et consorts sont bien trop occupés à sauver le dollar et la dette américaine. La dette, encore elle Et c'est un sacré boulot. La dette publique américaine va à nouveau atteindre dans les jours qui viennent son plafond légal. Et, à nouveau, nous allons assister à des discussions musclées au Congrès sur les manières de réduire, ou pas, cet endettement. Discussions qui n'aboutiront à rien à part un blanc-seing pour le gouvernement américain qui va continuer à s'endetter. La dette américaine va continuer à croître, voilà une certitude. Et c'est appréciable car en ce monde post-Lehman, elles sont bien rares. La dette US augmente donc. Il lui faut donc plus d'acheteurs. Reste à savoir qui, car les acheteurs traditionnels de bons du Trésor ne semblent plus tellement motivés que cela par cette américaine qui fut un temps la panacée. Aux dernières nouvelles, ils en sont moins convaincus, comme le soulignait Simone Wapler dans sa Stratégie : "En avril et juin, les ventes nettes des détenteurs étrangers ont atteint un chiffre record, du jamais vu depuis... 1978, année depuis laquelle ces données sont disponibles. Avril avait déjà été un mois atroce. Juin est pire : plus de 40 milliards de dollars de délestage". Si la tendance se poursuit, c'est mauvais très mauvais signe pour les Etats-Unis. Reste à attendre une confirmation car les ventes de juin peuvent être une sur-réaction aux premières annonces de la Fed quant au ralentissement du QE... Et si l'économie américaine parvient tant bien que mal à se remettre -- ne serait-ce que pour un temps -- sur les rails, les acheteurs étrangers devraient montrer moins de réticence devant la dette US. Quoi qu'il en soit, les rendements américains sont jusqu'à présents restés sous contrôle grâce à une seule personne : Ben Bernanke. Et ses 85 milliards de dollars mensuels de rachats de bons du Trésor et d'actifs. Sans Bernanke, c'est la panique. Nous en avons d'ailleurs eu un avant-goût depuis mai : fuite des liquidités des pays émergents, remontée des rendements obligataires et quelques séances de baisse sur les marchés actions. Cependant, la nouvelle semble maintenant avoir été digérée par les marchés et si, ce soir, la Fed annonce bien une réduction de 10 à 15 milliards de ses achats, les marchés ne devraient pas paniquer outre mesure. Après tout, la Fed continuera à acheter entre 75 et 80 milliards de dollars chaque mois. Changement de chef des opérations Et ce d'autant plus que ce week-end est tombé une excellente nouvelle pour tous les accros à la liquidité, les drogués au quantitative easing : Larry Summers, un des principaux candidats à la succession de Ben Bernanke à la tête de la Fed vient de jeter l'éponge. Car pour ne rien arranger, en pleine manoeuvre pour réduire son QE sans faire exploser les marchés, la Fed doit changer de commandant en chef. Le mandat de Bernanke arrive à son terme fin décembre prochain et, ces derniers mois, deux candidats s'étaient dégagés. Larry Summers, dont la rumeur disait qu'il était le favori de Barack Obama, et dont les faits d'armes sont les suivants : avoir presque ruiné l'université d'Oxford, avoir été le ministre sous Clinton (l'administration qui a permis la dérégulation des activités des banques), avoir glissé dans une conversation que les femmes étaient naturellement moins douées que les hommes en mathématiques et être consultant pour nombre de banques d'affaires. La rumeur toujours le disait critique quant à l'action de Bernanke et disposé à mettre fin aussi vite que possible au quantitative easing. INNOVATION : les "micro-usines de bureau" débarquent ! Selon notre spécialiste, cette révolution technologique a le potentiel de multiplier chaque euro investi par 1000 ! N'attendez pas pour entrer sur cette tendance : nos conseils ici... L'autre candidat est une candidate, Janet Yellen, vice-présidente de la Fed depuis 2010 et soutien inconditionnel à Bernanke et sa politique. Le retrait de Summers laisse donc le champ libre à Yellen... ce qui laisse entrevoir une politique dans la continuité de celle de Bernanke. Les marchés n'en font qu'à leur tête Les commentateurs n'ont pas manqué d'insister sur cette nouvelle et son effet positif sur les marchés. Pas faux, certes, mais pas complètement vrai non plus. Je crains que les marchés planent bien au-dessus de tout cela. Oui, cet été, ils se sont laissés perturber par la perspective d'un ralentissement du QE et celle de l'élection de Larry Summers mais, depuis fin août, c'est l'apaisement qui a repris le dessus. L'évolution du S&P 500 en est parfaite illustration. Summers, celle-ci ne datant que du week-end dernier. La conclusion qui s'impose est que les marchés actions ne sont pour le moment pas décidés à baisser, et qu'ils se servent de la moindre nouvelle -- comme celle du retrait de Summers -- pour justifier leur position. Depuis fin août d'ailleurs, les liquidités reviennent progressivement vers les marchés émergents et les rendements obligataires soufflent un peu. signifie pour vous ? Pour tout vous dire, tout ceci me donne un sentiment de malaise grandissant. Je préfère quand le comportement des marchés est plus "rationnel". Que les indices grimpent parce que l'économie se reprend, que les entreprises font des bénéfices, rien que de très normal. Mais quand ils prennent pour excuse le retrait d'un potentiel candidat à la Fed qui aurait tout aussi potentiellement mis fin au QE... hum... tout ceci ne me dit rien de bon. La correction des marchés actions, nous sommes nombreux à l'attendre. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'elle est inéluctable, mais presque. La plupart des indices mondiaux ont depuis plusieurs mois atteint leur sommet historique, il faudra bien qu'ils corrigent à un moment ou un autre. L'annonce de la Fed semblait être le moment parfait mais ils semblent décidés à l'ignorer. Ce qui fait craindre un retournement d'autant plus violent. Un avis partagé par Mathieu Lebrun qui soulignait dans Agora Trading le niveau important du VIX, l'indice de la peur : "Sur les marchés, vu le niveau des indices US (S&P 500 autour des 1 705 points), je m'attendais à voir le VIX refluer nettement plus bas. Or, il ne baisse pas, et est même en légère hausse cet après-midi. Mouvement assez étrange vu l'actualité et la hausse des actifs à risque". De quoi vous recommander à nouveau la plus grande prudence en ce qui concerne les actions. C'est le moment de faire un peu d'analyse technique et de vérifier que vos valeurs ne sont pas trop proches d'un important support (s'il était franchi à la baisse, le cours risque de dégringoler) ou encore de vendre celles qui ont évolué dans un mêmerange, sans réellement progresser depuis un an. C'est d'ailleurs ce que nous venons de faire dans Défis & Profits : un grand ménage en prévision d'un mouvement violent des marchés actions... dans quelques semaines ou quelques mois ? Mais sûrement pas demain soir. L'annonce de la Fed a de grandes chances de faire "pschitt !". |
jeudi 19 septembre 2013
Où vont les banques ?
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