Christian Troadec. «Le mouvement va s'amplifier»
2 décembre 2013 à 06h48 - 15 réaction(s)
Au lendemain du grand rassemblement de Carhaix, Christian Troadec, co-porte-parole de « Vivre, décider et travailler en Bretagne » (*), se disait, hier, persuadé que le mouvement des bonnets rouges allait prendre de l'ampleur. Grâce, notamment, à la création de plus de 200 comités locaux.
Interview.
Interview.
Dans quel état d'esprit êtes-vous aujourd'hui ?
Comment voyez-vous l'avenir du mouvement ?
Avez-vous prévu d'autres rassemblements ?
Extrêmement satisfait de la mobilisation de samedi. C'est énorme de réunir, à même pas un mois d'intervalle, autant de monde à Quimper et à Carhaix. Hier, sur le site de Kérampuil, les gens étaient solidaires. L'ambiance était fraternelle et pleine d'humanisme. Nous étions entourés de gens debout qui veulent prendre en main leur destin, leur avenir. Une belle leçon de citoyenneté. Je pense que nous étions proches des 40.000 manifestants. Cette estimation a été faite à partir de la jauge des Vieilles Charrues. On connaît bien le terrain. Ce qui m'a étonné aussi, c'est de voir autant de jeunes sur le site. Je pense qu'un manifestant sur deux avait moins de 30 ans. Des gens d'horizons professionnels très divers.
Que retenez-vous de la manifestation syndicale de Lorient du 23 novembre de laquelle vous avez été écarté ?
Effectivement, j'ai été un peu bousculé. Mais ce n'est pas dramatique. Je pense qu'avec les syndicats, nous devons rester unis. Le contraire desservirait la cause des salariés et des Bretons en général. D'ailleurs, j'ai vu pas mal de syndicalistes, samedi, à Carhaix. Ils ne brandissaient pas de drapeaux mais étaient venus à titre individuel. Je pense aussi que certaines paroles calamiteuses de responsables parisiens, comme Jean-Luc Mélenchon, ont incité les gens à nous rejoindre. La preuve, plus de 2.000 personnes ont constitué le Pôle ouvrier.
Depuis samedi, avez-vous eu des contacts avec des membres du gouvernement ou des représentants de l'État ?
Non et je le déplore. Surtout que nous avons invité François Hollande à venir en Bretagne. Je pense que, comme De Gaulle ou Mitterrand, qui respectivement s'étaient prononcés pour la gratuité des routes en Bretagne et pour l'abandon du projet de centrale nucléaire de Plogoff, l'actuel président de la République pourrait nous annoncer quelque chose d'important. J'espère qu'il le fera.
Nous allons le structurer davantage en créant, d'ici à la fin de l'année, une centaine de comités locaux des bonnets rouges dans les cinq départements de la Bretagne historique. Fin janvier, on devrait en compter 200 dans la région. En parallèle, nous allons collecter toutes les propositions des cahiers de doléances que nous avons ouverts. Cette matière nous permettra d'avancer sur le chemin d'un renouveau institutionnel pour la France et la Bretagne. Les méthodes jacobines de gouvernance ne sont plus acceptables. Il faut régionaliser et relocaliser les décisions. Et non pas tout décider de Paris. Je ne trouve pas normal que le Pacte d'avenir pour la Bretagne ne soit pas écrit en concertation avec les Bretons. Aujourd'hui, il faut prendre en compte les spécificités de certaines régions. Notre histoire est différente. Et notre réalité économique aussi. Comment se fait-il que la Corse, Lyon et le grand Paris bénéficient de statuts particuliers et pas nous ? Rien n'est logique dans cette histoire.
Pour l'heure non. Mais nous savons que demain, nous serons plus nombreux. Ce mouvement est une puissante lame de fond qui ne va pas s'arrêter là. S'il le faut, nous organiserons une autre manifestation. Le pouvoir ne peut plus rester sourd à nos demandes.
* NDLR : le collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne » n'a pas pour vocation à se présenter aux élections.
- Didier Déniel
T. Merret. « Le gouvernement se paie la tête des bonnets rouges ! »
Après le succès du rassemblement de Carhaix samedi, Thierry Merret, co-porte-parole du collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne » et président de la FDSEA du Finistère, estime que « le gouvernement persiste et signe dans son dédain en annonçant présenter son Pacte d'avenir mercredi, à Rennes. Par cette façon de faire, il s'adresse à une grande partie de ceux qui se sont désolidarisés, voire qui ont décrié le mouvement des bonnets rouges bretons et même, pour certains, qui l'ont quasiment condamné : Medef Finistère, centrales syndicales salariales, associations... Par cette annonce, le gouvernement montre qu'il ne veut pas entendre la voix du peuple. Qu'ils soient simples citoyens, salariés, artisans, commerçants, marins pêcheurs, transporteurs, entrepreneurs ou paysans, les participants au formidable rassemblement de samedi ont demandé unanimement une relocalisation des décisions pour l'avenir de leurs familles et de leur région ».
Pacte d'avenir : prendre le temps de la discussion
« Le Pacte d'avenir, qu'on nous sert à toutes les sauces, n'est qu'un patchwork de mesures et de fonds déjà existants, bombardé de Paris à coup de simulacres de réunions dites de "concertation " avec les acteurs socio-économiques, dans un temps record insoutenable par les responsables professionnels (...). Le collectif a des propositions transversales mais aussi des propositions par secteur d'activité à défendre (...). Ces propositions, nous voulons prendre le temps de les formaliser et de les faire partager au plus grand nombre et, notamment, à nos organisations dites " représentatives ". En revanche, si celles-ci acceptent de donner leur avis sur le fameux Pacte d'avenir "étatique ", alors, elles non plus n'ont rien compris aux aspirations du peuple ! À bon entendeur... Nous réfutons ce Pacte d'avenir et demandons au président de la République, François Hollande, de nous contacter de façon urgente pour décider d'un commun accord d'une méthode de travail et d'un planning qui permettent la prise en compte des revendications des besogneux. Le préalable à toute discussion reste et doit rester l'annonce par le gouvernement de la gratuité des routes en Bretagne et de la suppression de l'écotaxe ».
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